J'ai quatre stents dans ma poitrine, et pas de moteur à mon vélo. Mais il est vrai: entre 65 et bientôt 71 ans, j'ai perdu quelque peu mon assurance sur les sentiers de la forêt où je vais d'habitude pour mes randonnées d'une heure et demie et plus. Je ne parle pas des sentiers bien aménagés et balisés où je suis toujours à l'aise, mais de ces pistes de brousse qui m'obligent à bien tenir mon guidon, où je risque de perdre mon équilibre. Gare aux chutes, à cet âge-là! J'adore les montées, je les cherche, mais au jour d'aujourd'hui, je dépasse rarement les 200 à 300 mètres d'altitude pendant mes deux heures de course. Quant aux descentes, j'y vais mollo.
J'ai, moi aussi, la manie de la documentation, que je ne pousse pas très loin, cependant, car je me contente du traçage de mes routes, je ne mesure pas mes battements de cœur. Question de cultiver et d'augmenter mon intelligence situationnelle en ajoutant à la vue horizontale celle d'en haut et, en plus, de créer une salle d'échos où se présente le panorama de mes tours à vélo - la dimension narrative, mentale, de ces déplacements ludiques - manière de vivre la topographie, cette écriture des lieux où vous circulez comme sur une carte géographique devenue paysage. Existence scripturale où l'itinérance est une lecture vivante dans le livre d'une vie déjà écrite, déposée là, vous attendant là, sur les chemins parcourus tant de fois déjà, itinérance rafraîchie à chaque nouveau tour par un présent qui se renouvelle miraculeusement.
Ainsi je me reproduis sans cesse sur mes sentiers battus, fatigué plus vite, il est vrai, et comme l'énergie est davantage limitée, la ruse consiste alors à me ménager des pauses pour mieux rebondir, pendant un temps plus bref, mais déployant une force d'impact qui marque une trace, inscrivant un nouvel écho dans la salle des souvenirs.
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